Le Domaine durant l’annexion 2° partie

GRENIER

Un nouveau bâtiment a été construit capable d’emmagasiner les récoltes de céréales plus importantes. L’installation est pratique et très fonctionnelle pour le déchargement des sacs, ainsi que le chargement, pour le fonctionnement des trieurs, tarares, aplatisseurs, concasseurs, etc.. ., et facilité par l’utilisation de l’électricité. Les murs de greniers sont badigeonnés au lait de chaux chaque année, pour détruire les charançons et autres insectes qui s’y logent. Sur les côtés il y a de nombreuses ouvertures vitrées (qui peuvent s’ouvrir) permettant à l’air et à la lumière d’y pénétrer. Le sol est en ciment.

HANGARS

 Les hangars construits pour compléter les granges existantes servent les uns pour mettre à l’abri les récoltes et les chariots chargés, l’autre pour loger l’attirail de culture pendant la morte saison et lors des mauvais temps. Ce dernier hangar est construit à 20 mètres des autres bâtiments de la ferme, afin de diminuer les dangers d’incendie. Il n’est ouvert que sur deux côtés. La charpente sur ces deux côtés, est soutenue simplement par des piliers en chêne. Les deux autres côtés, c'est-à-dire orientés vers le sud-ouest et le nord-est, sont fermés par des murs.
Ce hangar rectangulaire a 20 mètres de long sur 15 mètres de largueur, la hauteur est de 8 mètres jusqu’aux gouttières des auvents et de 12 mètres à la faitière. La circulation des voitures est très facile ; sous les auvents peuvent être abrités cinq chariots chargés, ou bien la batteuse avec tout le matériel. Ce hangar peut contenir à peu près la moitié de la récolte de céréales. L’autre partie est abritée dans les autres hangars ou greniers.

 autres bâtiments

photos des emplacements des autres bâtiments

Hangars,

étables , porcherie

CAVE

Les caves de pommes de terre se trouvent sous les bâtiments formant le côté nord de la ferme. Elles sont vastes, fraîches, sèches et d’accès facile. Certaines, ayant leur entrée au niveau du sol, grâce à la contre-pente du terrain, sont creusées dans la colline.
Photo des anciens celliers et cave à vin

 

CELLIER ET CAVE A VIN

 En construisant le cellier, on a eu la fantaisie de vouloir rappeler les formes de l’ancien château-fort, d’où cette façade bizarrement combinée. C’est un grand hall à fenêtres en demi-cercles et à grandes portes par lesquelles on passe au moment de la vendange les voitures avec les hottes remplies de raisins. En outre, il y a deux grands réservoirs en ciment, deux pressoirs à raisins et quatre énormes cuves de fermentation.

Sous le cellier se trouve une vaste cave voûtée où s’alignent les fûts. Le cellier ainsi que la cave sont suffisamment grands pour traiter 800 hectolitres de vin (quantité maximale produite à la ferme) ; ces locaux ne sont séparés du vignoble que par le chemin.qui y conduit.
L’installation est commode parce que l’on peut, à l’aide de caoutchouc, amener directement le vin des cuves de fermentation dans les foudres.

 anciens celliers et cave à vin

Photo des anciens celliers et cave à vin

 

FUMIERE

En face de la vacherie, de l’écurie et de la porcherie et presque au milieu de la cour, se trouve la fumière. Cette plate-forme, à fond concave et entièrement cimentée pour empêcher toute infiltration, affecte la forme d’un trapèze dont les dimensions sont les suivantes : grande base, 25 mètres ; petite base, 20 mètres ; hauteur, 25 mètres, ce qui fait une surface d’environ 600 mètres carrés. Le fumier y atteignant une hauteur de 1m50, cette fumière correspond bien aux données normales, c’est à dire en moyenne 1 mètre carré de surface par 100 kg de poids vif.
Cette hauteur est accessible par brouettes, grâce au dénivellement de la cour ; en effet la plate-forme est en contre bas par rapport à la vacherie. A l’aide d’un rail étroit mobile, il est facile de conduire le fumier même au sommet du tas.
Dans un coin de la fumière se trouve la fosse à purin, 6 mètres sur 5 mètres de large et 2 mètres de profondeur. Celle-ci est munie d’une pompe, servant à arroser le tas de fumier et à remplir les tonneaux à purin. Le fumier ne se dessèche donc pas.
La fosse à purin reçoit directement les urines des écuries, étable et porcherie. La capacité de la fosse à purin, entièrement cimentée, est de 60 mètres cubes.

 

FORCE MOTRICE ET ECLAIRAGE

Dans toute la ferme il y a l’électricité qui est utilisée pour la lumière et la force afin de faire fonctionner les machines qui demandaient toutes, à cette période une puissance 380 volts.
Le courant triphasé, à une tension de 15 000 volts, provenant de l’usine d’électricité située à la Houve, est transformé à la ferme à l’aide d’un transformateur. Au domaine, il y a quatre moteurs, dont l’un est monté sur chariot mobile pour être transportable. Ce moteur destiné tout particulièrement au fonctionnement de la batteuse avec presse, est d’une force de 18 HP. A l’aide d’un long câble, il est facile d’installer ce moteur aux divers endroits, où des prises sont installées.
Les autres moteurs plus faibles sont fixes ; l’un de 3 HP sert à actionner le coupe-racines et le transporteur de provende, un autre au grenier pour le monte charge et le déchargeur de foin ; le troisième de 5 HP est installé dans le grenier à grain, où, par des transmissions, il assure le fonctionnement des trieurs, tarare-cribleur, monte-sacs, concasseur, aplatisseur ; un quatrième, de 1 HP est installé à la laiterie et sert à actionner l’écrémeuse centrifugeuse et la baratte.

L'EAU

L’eau de la ferme est fournie par une source éloignée de 1 kilomètre, naissant au pied de la colline.
Par une pompe aspirante et foulante, actionnée par une machine à vapeur, l’eau est envoyée dans deux grands réservoirs contenant 30 mètres cubes, dont l’un se trouve à l’endroit le plus élevé de la ferme pour alimenter le château, la cuisine, etc.., partout où une certaine pression est nécessaire. L’autre fournit l’eau d’abreuvage pour le bétail, etc…Tous les jours, on remplit les réservoirs, il faut compter 2 heures grâce à la pompe.
Les eaux résiduaires et le surplus des citernes sont évacués par un canal partant d’un bassin collecteur situé en haut de la colline. Ce canal va se joindre à un des collecteurs de drainage qui aboutissent dans l’étang situé à 700 mètres de là.

Chapitre V

ETENDUE DES TERRES DE CULTURE

 

La surface totale des terres de culture est de 370 hectares. Celles-ci comprennent :

  • Terres labourées 255 hectares
  • Prés et parcs 30 hectares
  • Prairies naturelles 85 hectares

REPARTITION DES CULTURES

 

PLANTES SARCLEES

  • betteraves sucrières et fourragères                         60 hectares
  • Pommes de terre                                                  20 hectares
  • Féveroles                                                             10 hectares
  • Pois, lentilles                                                       10 hectares

CEREALES

  • Blé                                          40 hectares
  • Avoine                                     60 hectares
  • Seigle                                     50 hectares
  • Orge                                       15 hectares

PRES ARTIFICIELS

  • Sainfoin                                       40 hectares
  • Trèfle violet                                   20 hectares
  • Luzerne                                       15 hectares
  • Prés et parcs                               30 hectares
  • Pois gris en culture dérobée          10 hectares            

 

ASSOLEMENT

La succession méthodique des plantes cultivées sur le même sol, pendant un nombre d’années déterminé, constitue l’assolement.

Celui-ci est considéré comme la base des spéculations végétales et animales d’une ferme.
La rotation des cultures est de première importance.
En effet, l’assolement bien suivi maintient les terres propres et permet de lutter contre les parasites animaux et végétaux ; il remédie à l’épuisement du sol, et, par le fait, augmente les rendements.
Le choix de l’assolement est, sans doute, une des opérations les plus difficiles dans une exploitation, car il dépend de beaucoup de facteurs, tels que la terre, le climat, l’importance du bétail, la main d’œuvre dont on dispose, des forces et capitaux disponibles, et enfin de diverses spéculations auxquelles on veut se livrer.  

Il faudra examiner s’il est rationnel, c’est-à-dire s’il n’est pas épuisant pour les terres et si les plantes se succèdent de manière à assurer les rendements les plus élevés, tout en satisfaisant aux autres exigences des cultures, et notamment de la propreté du sol.

L’assolement mis en œuvre par Monsieur SCHAEFFLER est le suivant :

  • 1° Sole : Culture sarclée, jachère.
  • 2° Sole : Blé. Seigle
  • 3° Sole : Avoine. Orge

Les prairies artificielles sont mises en jachère dans les terres les plus éloignées de la ferme.
L’assolement signifie le roulement effectué sur les différentes parcelles sur une période de 3 ans. Ceci est dans le but de ne pas trop appauvrir les terres.**.

PREMIER SOLE

FEVEROLES  10 hectares

La féverole est cultivée pour l’alimentation des porcs, dont elle forme la nourriture par excellence. Elle constitue un aliment très riche en principes nutritifs, notamment en albuminoïdes. La seule variété cultivée est la féverole de Lorraine, de couleur jaune foncée.
La féverole est semée au printemps elle succède aux pois gris, c’est-à-dire après récolte de ce dernier,(en septembre) les tiges sont enfouies dans le sol par un labour. Ce qui permet d’apporter beaucoup d’azote dans le sol, engrais naturel essentiel pour la féverole. En hiver enfouissement de scories (300 kilos) et de chlorure de potassium (100 kilos), données pour un hectare.
La féverole est semée à la volée au mois de février : 250 à 300 kilos par hectare.

Récolte, elle se fait, fin août début septembre, rendement : en moyenne 2.200 kilos par hectare.

POMMES DE TERRE 20 hectares

Variétés : Magnum bonum (la plus productrice) et la Rognon royal (Kœnigsnière), variété allemande à chair jaune.

Principe : labour en hiver de 30 centimètres avec enfouissement de 30 000 kilos de fumier, au printemps les engrais chimiques sont enterrés par un léger labour. Début avril utilisation du planteur de pommes de terre, récolte à partir de mi-septembre à l’aide de l’arracheuse lorsque les tiges sont mûres c'est-à-dire fanées et flétries. Elles sont ramassées par des femmes et des enfants et laissées exposées à l’air sur le champ pendant quelques heures pour qu’elles se ressuient. Ensuite après le ramassage, elles sont triées, les plus petites seront destinées à l’alimentation des cochons. Rendements en moyenne : 20.000 kilos par hectare.

Remarque : --la parcelle cultivée par les ouvriers reçoit les mêmes soins culturaux que le reste (fumier, engrais et façons), mais l’arrachage est fait uniquement par le concessionnaire du terrain. Le domaine, met à disposition, des attelages pour la rentrée des pommes de terre.

 

BETTERAVES FOURRAGERES : 20 hectares

 

Variétés :   Deux variétés de betteraves fourragères  sont cultivées : la jaune des Barrés (grandes qualités, bon rendement et très bonne conservation) et la betterave fourragère blanche Eckendorf (rendement très élevé, mais d’assez mauvaise conservation dans le temps, elles seront utilisées en premier)
Culture: La culture se fait aussitôt après la récolte de l’avoine, le déchaumage permet d’enterrer les mauvaises herbes et de les détruire en partie.. A l’automne, labour profond de 30 centimètres à l’aide de charrues à vapeur (système Fowler). Vers la fin de l’hiver, enfouissement par un labour moyen de : 45.000 kilos de fumier, 150 kilos de sulfate d’ammoniaque, 150 kilos de chlorure de potassium, 500 kilos de scories. En février-mars, passage en plusieurs fois du scarificateur, de la herse suivie d’un rouleau, à l’aide du croskill et du rouleau hérissé adapté spécialement aux machines à vapeur. Ces façons sont répétées jusqu’au moment où la terre est devenue comme des cendres. Courant avril début mai (suivant la température) semis à raison de 20 kilos de semence à l’hectare, avec le semoir en ligne ; ces dernières sont distantes de 40 centimètres ; la graine ne doit pas être enterrée trop profondément. Derrière le semoir suit un léger rouleau. Quelques temps après l’apparition de la jeune plante, c’est-à-dire environ 1 mois, s’opère le binage à l’aide de la houe à cheval. Environ quinze jours après, aura lieu le démariage. Les plants les plus vigoureux sont conservés autant que possible à une distance de 35 centimètres sur la ligne. Environ 40 jeunes  filles polonaises étaient occupées à la pénible besogne du piochage sous l’œil vigilant de leur surveillant. (6)
Cette opération faite soigneusement par les ouvriers est suivie d’un deuxième binage à la houe à cheval.après quoi, un léger roulage est donné afin de rehausser les jeunes plants.

Récolte des betteraves ; elle se fait fin octobre par beau temps si possible. Une équipe composée d’ouvriers de la ferme ainsi que des journaliers sont chargés de ce travail. A l’aide d’une arracheuse à vapeur les betteraves sont extraites. Ensuite, il faut les mettre en tas et les recouvrir de fanes, afin de les garantir du froid et de la pluie. Lorsqu’elles sont ressuyées, elles sont chargées sur des chariots pour les rentrer à la ferme.
Conservation : Les betteraves sont conservées en partie en silos et en partie à la cave à betteraves. Celles-ci fait corps avec la vacherie et peut contenir environ 320.000 kilos. Le reste est mis en silos à proximité de la ferme.
Ces silos, de forme trapézoïdale, sont creusés à 60 centimètres de profondeur : la base mesure 3 mètres de large et la hauteur 1 m 50. La longueur du silo, parfois considérable, varie suivant l’importance de la récolte. Sur les différentes couches de betteraves une mince couche de paille est mise, puis une couche de terre de 20 centimètres. Ensuite un conduit d’aération est fait afin d’éviter la fermentation que provoque la pourriture des racines.

Les fanes et les débris restent dans le champ afin de restituer une partie de l’azote et de la potasse enlevées par leur végétation.

BETTERAVES SUCRIERES : variété = Blanche de Silésie 40 hectares

Le principe de plantation et de culture est identique à celui de la betterave fourragère.
Mais il faut enlever régulièrement les adventives, (betteraves qui poussent très vite en hauteur et qui altèrent la qualité du sucre).

La culture des betteraves (sucrières et fourragères) nécessitent beaucoup de main d’œuvre., 25 femmes polonaises viennent chaque année , pour la saison de culture (6)
Au moment de la récolte, les betteraves sucrières sont chargées sur des chariots et ensuite acheminées au Canal de la Marne au Rhin, direction la raffinerie d’ Erstein Bas-Rhin en Alsace .

En 1902, Marimont est le principal fournisseur de la sucrerie d’Erstein. (6)

Rendement : par an en moyenne 32 tonnes à l’hectare, mais la culture nécessite un très gros apport d’azote et une nombreuse .main d’œuvre.

Au sujet de la thèse : après la vente du domaine au groupe Daum et à la banque Renaud de Nancy , cette culture a du être abandonnée étant donné les difficultés de transport d’après guerre et le manque de main d’œuvre. *

DEUXIEME SOLE

BLE : 40 hectares

Variétés : blé d’Alsace souche 22 blé rouge d’Alsace et le Schireff ou Squarehead.
Principe : Après les labours, en automne le grain est semé à raison de 120 kilos par hectare en lignes très écartées (35 centimètres) afin de permettre des sarclages. Cette méthode donne d’excellents résultats.

Mais, à partir d’août 1914 suite à la déclaration de la première guerre mondiale, cette technique a dû être modifiée en raison du manque de main d’œuvre. Le semis se fait à l’aide du semoir en ligne. Le semis est suivi d’un hersage pour enterrer convenablement la semence.
Récolte : La moisson a lieu généralement fin juillet à la moissonneuse-lieuse ; lorsque la paille est devenue jaune et le grain dur, résistant à la pression de l’ongle.
Les moissonneuses-lieuses  font en moyenne 3 hectares par jour.
Les gerbes mises en dizeaux par les femmes et les fillettes, sont rentrées à la ferme après avoir achevé leur maturité.
Rendements : Les rendements moyens sont de 23 quintaux par hectare pour le grain et 40 quintaux pour la paille.

Battage : Le battage se fait en hiver à l’aide d’une machine LANZ actionnée par une locomotive à vapeur, dont le travail quotidien est de 150 quintaux en moyenne. La paille est pressée et liée avec du fil de fer à mesure qu’elle sort de la batteuse. Ces deux opérations simultanées exigent outre une grande force motrice, un personnel très nombreux, notamment pour le pressage de la paille.

SEIGLE 50 hectares

Avant l’annexion de la Moselle, le seigle était très peu cultivé en Lorraine.

 Variété et conditions de culture : la variété est le Petkus, fournie par le Comice agricole de Strasbourg. Après quelques années, les grains de semis deviennent très résistants aux plus grands froids.   Au point de vue des engrais, le seigle est peu exigeant, une faible dose de 200 kilos d’engrais phosphaté par hectare sous forme de superphosphate pour corriger l’excès d’azote suffit et ainsi donner plus de consistance à la tige.
Semis: par temps sec vers la fin septembre le seigle est semé à l’aide du semoir en lignes à raison de 150 kilos par hectare. Le semis est suivi d’un bon hersage. Comme unique soin de végétation, au printemps un simple coup de rouleau est passé afin pour recourber et coucher à terre et ainsi gêner et retarder le développement de jeunes plants qui, sans cela, deviendraient trop vigoureux.
Récolte et rendement : La récolte du seigle se fait   à l’aide de la moissonneuse-lieuse lorsque les épis se tournent vers le sol et que la paille commence à blanchir, c’est-à-dire début juillet et dans les mêmes conditions que le blé. Le rendement est en moyenne de 20 quintaux de grain et 50 quintaux de paille à l’hectare.
Utilisation : le seigle sert d’une part à l’alimentation des animaux, et d’autre part il est à la base du pain de seigle. Une grande partie est vendue aux garnisons de Dieuze et Morhange (les Allemands sont grands amateurs de pain de seigle et de viande de porc.).

TROISIEME SOLE

AVOINE : 60 hectares
Préparation du sol : Le défrichement est effectué fin septembre, début octobre, à l’aide des treuils à vapeur. Ce défrichement équivaut à un apport d’au moins 100 kilos d’azote par hectare, 200 kilos de superphosphate sont rajoutés au sol. Ainsi la terre aérée favorise la décomposition des débris des légumineuses. Courant février, on scarifie la terre pour enfouir les engrais.
Semis : vers la fin février, à l’aide du semoir en ligne.
Récolte : fin août, en utilisant le même principe que pour le blé.

DIVERS

FORET : 100 hectares

La forêt est d’un seul tenant et occupe les terres les moins fertiles. Le boisement est donc le meilleur mode d’en tirer parti. Il y a de nombreuses essences parmi lesquelles dominent le chêne pédonculé, le charme, l’aulne, l’érable, l’acacia, le sapin et l’épicéa. Ces deux résineux occupent 30 hectares et sont de première qualité.
L’exploitation : la forêt est divisée en vingt parcelles de 5 hectares. Chaque année, il y a une parcelle à exploiter. Tous ces travaux sont effectués par des bûcherons de profession qui travaillent à la tâche.
Le bois est utilisé à la ferme, soit pour le charronnage, soit pour le chauffage (fagots).
Le reste est vendu aux enchères à des particuliers ou des marchands.

VIGNE : 13 hectares

Vignes Marimont versant côté Bourdonnay
13 hectares de vignes (versant Sud côté village de Bourdonnay).
Le bâtiment à gauche du château se trouvent le Cellier et LA cave à vin
(Photo de Mr LIZEUR)

Situation et généralités : --La vigne d’un seul tenant de 13 hectares est située sur le versant sud du coteau de Marimont. Les ceps ont de huit à vingt-cinq ans, un hectare est planté en hydrides américains. La vigne est située directement à côté de la ferme, de laquelle elle n’est séparée que par un chemin qui mène tout droit au cellier et à la cave. Les vins sont vendus en bloc
Avantages de la vigne : --à part son rendement et sa rentabilité, la vigne offre cet autre avantage. En effet, à toute ’époque de l’année, elle demande des soins, et l’on peut à tout heure y employer le personnel devenu en surnombre sur les autres chantiers, mais aussi quand le temps est devenu pluvieux et ne permet pas d’autres travaux dans les champs.
Inconvénients, Maladies : -- C’est aux feuilles que l’on reconnaît l’état de la vigne. Ainsi presque toutes les maladies cryptogamiques se manifestent extérieurement par une coloration du feuillage, soit par l’aspect, soit par la coloration. Or, en Lorraine tout particulièrement, la vigne est très sujette à ces maladies qui sont dues, dans la majorité des cas, au climat rigoureux avec ses extrêmes. C’est surtout au moment des fortes chaleurs que se déclarent les maladies telles que le mildiou, l’oïdium. Le mildiou se développe surtout dans un climat chaud et humide ; traitement : la bouillie bordelaise.

Quant à l’oïdium, il montre à peu près les mêmes symptômes que le mildiou, mais il dégage une forte odeur de moisi et apparaît généralement au printemps. Le traitement est différent de celui du mildiou : à l’aide d’une soufreuse à dos d’homme, les ouvriers saupoudrent le souffre sur les ceps. Généralement, les traitements commencent en mai pour se terminer en août.

Variétés : la plus grande partie porte des cépages indigènes.
Le Riesling est une variété tardive qui fournit un vin blanc d’excellent bouquet ; il se conserve très bien en bouteille. C’est l’espèce la plus appréciée du vignoble alsacien.
Le Gamay offre plusieurs sous-variétés, parmi celles-ci la principale est le hérissé. C’est une variété rouge à fort rendement, qui réclame une courte taille.
La variété principale est le Pinot, dont on cultive les espèces rouge, blanche et noire ; cette dernière est appelée «Petit noir de Lorraine». C’est ce raisin qui fournit des vins de première qualité, dits de Bourgogne qui sont les meilleurs pour la fabrication du champagne. Aussi ce produit est vendu en Allemagne dans ce but.
Le chasselas dont le raisin un peu ferme est très estimé. Le vin qu’il fournit est quelque peu acide, mais de bonne qualité et les rendements sont satisfaisants.
Soins de culture : La vigne est toute palissée, sur un fil de fer galvanisé. Les poteaux qui la supportent sont en bois et tous de la même hauteur, soit 1 m30. Celle-ci est fixée ainsi pour permettre le sulfatage à dos de cheval. Il y a trois rangs de fil de fer.
Les ceps sont plantés à 1m.30 de distance, ainsi cela permet le passage de la charrue vigneronne, de la bineuse et de l’appareil de sulfatage.
En févier-mars a lieu la taille, opération importante et indispensable. Aussitôt que les gelées blanches menacent, on créee des nuages artificiels en brûlant du goudron dans des fûts. Ainsi la récolte est sauvegardée des gelées. La vigne est aussi labourée et taillée plusieurs fois.
Vendange – vers la fin septembre, toutes les femmes et fillettes du personnel sont réquisitionnées, ainsi que des jeunes filles du village de Bourdonnay.   C’est une joyeuse période pour tout le monde, où règne l’animation et la gaîté. Aussi la vendange se fait très vite et généralement dans de bonnes conditions. Les raisins coupés avec des sécateurs sont mis dans des hottes en bois, celles-ci sont portées par des ouvriers qui les chargent sur une voiture,.
Le vin : -- Les hottes sont vidées dans un broyeur ou fouloir placé directement sur un pressoir, s’il s’agit de fabriquer du vin blanc. Quant au vin rouge, il est obtenu en laissant fermenter le jus de raisins pendant huit jours dans les grandes cuves en bois. Le fameux vin gris, si réputé en Lorraine, est obtenu seulement avec des raisins noirs qu’on laisse fermenter un peu seulement pour le colorer en rose ; selon la durée de cette fermentation, la coloration devient plus ou moins rouge.
La piquette : --Avec une partie des marcs, c’est-à-dire les parties solides qui restent sous le pressoir, la piquette est faite. A cet effet, les marcs sont mis dans une immense cuve en bois, en rajoutant 40 % d’eau. Ils sont tassés puis recouverts d’une couche d’argile, la fermentation dure huit jours. Puis tout est remis dans le pressoir. Le jus qui en sort est mis dans de grandes cuves en bois où l’on rajoute 20 kilos de sucre pour 100 kilos de marcs. Avec la fermentation le sucre est transformé en alcool. Ainsi la piquette donne un vin dosé en moyenne de 8 à 10 degrés d’alcool et qui forme une excellente boisson domestique.
Les marcs : --En moyenne il y a 50 kilos de marcs par hectolitre de vin fabriqué, ce qui fait pour toute la vendange 40.000 kilos de marcs lorsque la production totale est de 800 hectolitres de vin. Avec 100 kilos de marcs 4 litres d’alcool sont ainsi obtenus, ce qui fait une production totale d’environ 30 hectolitres d’eau-de-vie à 50 degrés. Les vins sont distillés à la ferme.
Le clairet de Marimont :--Grâce à la grande richesse des vins en tanin. Le vin se   conserve très bien. C’est un raisin appelé clairet de Marimont, très recherché pour la fabrication du champagne.
Tout ce qui ne sert pas à la ferme est vendu en Allemagne (à Wiesbaden), grande maison de vins mousseux.
Grâce à ces soins, les vins de Marimont sont irréprochables. Ils sont vendus à des prix très intéressants, mais les soins d’entretien de la vigne sont très nombreux et nécessitent beaucoup de main d’œuvre.

APICULTURE

Construit à proximité du verger, se trouvait un mur de pierres sèches, orienté côté soleil, bien abrité des vents dominants. Dans ce mur se trouvaient six alvéoles contenant chacune des ruches de pailles. A l’arrivée de Mr SCHAEFFLER, le rucher était constitué d’un mur d'environ 2 m de haut et 8 de long, dans le quel se trouvent six alcôves légèrement incurvées, chacune de 45 cm de profondeur pour 35 de large et 45 de hauteur, destinées à accueillir des ruches de paille.

Mr SCHAEFFLER, fit venir Mr Rémy RITIMANN apiculteur à Bourdonnay qui utilisait les nouvelles ruches Dadant, qu’il fabriquait lui-même. Dans les ruches Dadant, on distingue deux éléments principaux et de taille différente, que sont le corps et la hausse .A l’intérieur se trouvent des cadres filés permettant l'ajout d'une feuille de cire, afin de faciliter aux abeilles la construction des rayons.

L’avantage de ces nouvelles ruches est qu’elles étaient facilement transportables d’un endroit à l’autre du domaine selon la saison. Les abeilles d’une ruche butinent sur un rayon de 3 km². Le rendement de ces ruches est nettement supérieur aux anciennes ruches de paille. La production moyenne est de 70 kilos par an. Au total il y avait une vingtaine de ruches. Grâce aux nombreux arbres fruitiers, aux acacias et à la proximité de la vigne, le miel fourni est d’excellente qualité Mr RITIMANN, venait de temps en temps au domaine afin de former les apiculteurs à cette nouvelle technologie.

ETANG

 L’étang d’Harmand d’une surface de 8 hectares est peuplé de carpes, tanches, anguilles. Les poissons sont nourris avec toutes sortes de déchets de grains, surtout d’orge. Tous les 2 ans l’étang est pêché au filet après l’avoir vidé. L’étang rapporte en moyenne 2.000 kilos de poissons qui sont vendus facilement dans les environs.

VERGER : 2 hectares

 

Le domaine possède 2 vergers dont l’un contient 500 mirabelliers, et l’autre une centaine de pommiers.
La mirabelle, dont la qualité dépend exclusivement de la qualité du terrain, prospère à merveille dans les terres argilo-calcaire de Marimont, et y acquiert un bouquet remarquablement délicat, qui, d’ailleurs, est tout à fait spécial à la Lorraine. Les deux variétés, c’est-à-dire la mirabelle de Metz et celle de Nancy, sont très recherchées par les fabricants de conserves. De plus, l’eau de vie distillée à Marimont est d’un goût sans pareil et d’une saveur exquise.  

MATERIEL

Trente ans après l’acquisition par Mr FUNKE, le matériel, était toujours opérationnel. Dix ans après leur achat, les différents matériels étaient amortis et toujours utilisés par les nouveaux propriétaires à savoir : Société Daum- Banque Renaud de Nancy. Durant la guerre Mr

FUNKE fit acheter une nouvelle machine à vapeur afin de suppléer le manque de main d’œuvre et de chevaux de traits, dont un certain nombre avaient du être vendus à l’armée.

LA POMPE DU DOMAINE

 pompe à bras

Remise de la pompe à bras aux propriétaires actuel du Domaine le 15 août 2018.

A l’achat du domaine par Mr FUNKE, les bâtiments de la ferme sont en général vieux, mais en assez bon état.

Les employés habitant dans la ferme se chauffaient au bois, mais les feux de cheminées étaient assez fréquents .L’hiver 1901-1902 a été très rude, il y avait beaucoup de neige, le berger du domaine Gustave GRELIN en principe passait toute l’année dans les champs avec les moutons, car ces moutons de race mérinos étaient très résistants. Mais il n’y avait aucun abri spécialement dédié aux moutons. Cependant il passa un certain temps au domaine afin de pouvoir nourrir les moutons.
Aussi un soir au moment du repas vers 18 heures, un incendie se déclara, toutes les personnes du domaine furent mobilisées pour porter les sauts. Quelqu’un a été envoyé chercher les pompiers du village de Bourdonnay, la bise soufflait très fort et beaucoup de congères se trouvaient sur la route. Les pompiers du village mires énormément de temps à venir. Dans son rapport à Mr FUNKE, le régisseur Mr SCHAEFFLER mentionna la vétusté de la pompe des pompiers du village et la nécessité d’avoir une pompe au domaine étant donné la distance entre Marimont et le village. Aussi Mr FUNKE acheta 2 pompes, une pour le village (pompe aspirante et refoulante) et une pompe à bras refoulante pour le domaine.

A noter : La pompe du village se trouve actuellement devant la caserne des pompiers de Dieuze.
Aussi nous avons trouvé cette pompe refoulante, semblable à celle qui se trouvait à Marimont.

J’ai eu ce témoignage lorsque j’étais petit par mon arrière grand père, Gustave GRELIN qui est aussi le grand père d’Yvette COFFE (dont son mari René est un de nos Vice présidents et Maire Honoraire de la commune). COLOMBERO Christian

COMPTABILITE

Le comptable tient en double quatre catégories de livres :
1° Livres auxiliaires des matières
2° Comptabilité espèces
3° Livres auxiliaires de la main d’œuvre
4° Comptabilité matières.

La première catégorie contient le livre des travaux, le registre des commandes et le journal des entrées et sorties.
La deuxième catégorie contient les trois livres de caisse, dont un principal et deux secondaires ; l’un de ces derniers est en permanence au bureau du domaine, et l’autre est envoyé à Mr FUNKE.
La troisième catégorie comprend : le livre de paie, secondé par la feuille de quinzaine ; les comptes particuliers : a) ouvriers de saison, b) gagistes à demeure, et le livre des résultats auquel est ramenée la récapitulation des comptes détaillés dans les livres précédents.
Enfin, la comptabilité des matières qui se base essentiellement sur l’inventaire. Elle comprend :

  • Livre de magasin : Céréales, Racines et Tubercules ; betteraves sucrières, Fourrages et d’alimentation du bétail ; Graines diverses (semences) ; Fumier et Engrais ; Provisions de ménage ; Laiterie.
  • Livres d’effectifs : écurie ; Vacherie ; Porcherie ; Basse-cour.

Table des matières

Chapitre I –Généralités

Agriculture en Moselle en 1890
Situation géographique
Situation économique
Historique
Généralités

Chapitre II

Les différents propriétaires successifs du domaine de Marimont
L’Annexion de l’Alsace-Lorraine
Les nouveaux propriétaires allemands en Moselle
Achat du domaine par Mr FUNKE en 1889.
Améliorations et résultats.
Nature des terres
Hydrographie
Spéculations et débouchés

Chapitre III : Fonctionnement du domaine

Personnel et main d’œuvre
Statuts du personnel de Marimont
Statuts en vigueur.
Règlement de la ferme
déroulement d’une journée de travail au domaine
Logement des ouvriers

Chapitre IV : Bâtiments et divers

écurie, étable, porcherie et bâtiments adjacents.
Berger et moutons
Grenier
Cave
Cellier et cave à vin
fumière
Force motrice et éclairage
L’eau

Chapitre V : Spéculations végétales

Étendue des terres de culture
Répartition des cultures
Assolement
Premier sole
Deuxième sole
Troisième sole
Forêt
Vigne
Apiculture
Étang
Verger
Matériel
La pompe à bras
Comptabilité

Conclusion de COLOMBERO Christian

 

Suite à la défaite de l’armée Française face à la Prusse, le Traité de Francfort est signé le 10 mai 1871.

Extrait de ce traité :
« Les sujets français, originaires des territoires cédés, domiciliés actuellement sur ce territoire, qui entendront conserver la nationalité française, jouiront jusqu'au 1er octobre 1872, et moyennant une déclaration préalable faite à l'autorité compétente, de la faculté de transporter leur domicile en France et de s'y fixer sans que ce droit puisse être altéré par les lois sur le service militaire auquel cas la qualité de citoyen français leur sera maintenue ».
Suite à ce traité, environ 120 garçons et filles du village de Bourdonnay optèrent pour la nationalité française.

En principe dans le monde agricole ou commerçant ce sont des cadets ou des derniers nés qui prirent cette option. 1/3 s’installèrent dans le nouveau département de la meurthe & Moselle, 1/3 dans d’autres départements français et les autres se sont installés en qualité de colons en Afrique du Nord et quelques uns aux Amériques. Le département de la meurthe n’existait plus.

3 enfants de la famille SCHAEFFLER sont nés à Marimont  commune de Bourdonnay : Wilhelm né le 05 avril 1908 , Käthe née le 08 août 1909 et Georg né le 06 janvier 1917 .

Georg Schaeffler (né le 06 janvier 1917 et Wilhelm Schaeffler (né le 05 avril 1908 ) ; ont créé le GRUPP SCHAEFFLER en 1946 dont le siège est à Herzogenaurach en Bavière.

Un malaise important régna sur la population des « lorrains annexés », le département de la Meurthe disparaissait, notre secteur était intégré au département de la Moselle qui était en grande partie annexé à l’empire de Prusse (à l’exception du secteur de Briey).

Le village de BOURDONNAY prit le nom de BORTENACH, OMMERAY celui d’ OMMERICH.
A cette époque, les habitants de notre secteur parlaient français ainsi que le patois lorrain roman, mais ne parlaient pas la langue allemande.

De nouveaux instituteurs originaires d’Allemagne remplacèrent leurs anciens collègues français. Mais cela ne fut pas le cas à Bourdonnay car l’instituteur Mr REMILLON parlait l’allemand..Tous les cours se faisaient en allemand à l’exception d’une heure de cours de religion donné par le curé de la paroisse en français. En outre les jeudis matins, les enfants des écoles avaient cours de religion en français, le Curé du village était l’Abbé MOHR (originaire de Metz) (4)

 photo école de garçons Bourdonnay 1916

photo école de garçons Bourdonnay 1916
l’instituteur est Mr REMILLON
(Photo de Mme ROYER Monique )

   
 Bortenach Bourdonnay 1917

BORTENACH (Bourdonnay) en 1917
(photo de famille)

Pour ce qui est de la ferme de Marimont, une grande partie des ouvriers avaient connu différents fermiers. Durant une période, le baron JANKOVITZ louait ses terres à 4 fermiers puis ensuite 3 fermiers, ainsi les terres et bâtiments du Domaine, ce dernier était ainsi divisé entre les fermiers.
Puis le baron loua ses terres à Mr GALLAND de Bourdonnay, ensuite le Domaine fut racheté par le Consortium Lièvre-Langlet-Mézières (Meurthe) 1885-1889, qui garda le même fermier.
Lorsque Mr FUNKE acheta le Domaine au Consortium Lièvre-Langlet, il décida de prendre un régisseur Mr SCHAEFFLER qui eut la charge de moderniser la ferme. Ce dernier, ingénieur agronome, avait en plus l’avantage de parler français et d’être de confession catholique (ce qui apportait une certaine confiance aux employés de la ferme).

Le propriétaire Mr FUNKE Guillaume, investit une somme importante pour faire des infrastructures modernes et fonctionnelles.
Dès le début, le régisseur, mit en place un règlement un peu strict certes, mais accepté par tous. Le but de ce règlement était de fidéliser les employés avec les avantages octroyés, tout en ayant un objectif de rentabilité et de respect.
Les employés n’étaient jamais en contact avec le propriétaire, tous les problèmes étant traités par le régisseur ou ses contremaîtres.
Suite à cette modernisation et importante transformation, le domaine acquit une grande réputation de « ferme modèle et expérimentale». Avec toute leur énergie le personnel a ainsi prouvé sa volonté « de réussir » dans ce nouveau challenge. Je pense que tous ces employés étaient passionnés par leur travail certes, mais ils devaient aussi nourrir leur famille... !
Mr SCHAEFFLER, était un homme exigeant sur la qualité du travail à fournir, mais il était très humain. Parfois le matin, lors de la répartition du travail, voyant un ouvrier malade, il le renvoyait chez lui afin qu’il se refasse une santé (et souvent sans déduire sa journée d’absence). En revanche il était intolérant envers ceux qui ne remplissaient pas correctement leur fonction. (G.G) 
En août 1914, lorsque la première guerre mondiale éclata, les hommes en âge de combattre tant   alsaciens que lorrains furent mobilisés par l’armée allemande. La main d‘œuvre au Domaine commençant à manquer, Mr SCHAEFFLER fit intervenir des prisonniers polonais pour suppléer le manque de main d’œuvre. De plus en plus de femmes aussi furent employées aux tâches de la ferme. Les productions diminuèrent certes, mais après la bataille de Morhange pour les français et la Schlacht bei Dieuze pour les Allemands du 14 août 1914 au 20 août 1914, le front dans ce secteur se stabilisa jusqu’à la fin de la guerre. 
Au village de Bourdonnay un régiment allemand de la 1ère Division de Landwehr bavaroise, le 10° bataillon d’infanterie de landwehr bavaroise, s’installa durant toute la durée de la guerre.(une compagnie s’installa dans le village d’Ommeray). Ce régiment se relayait pour monter au front distant d’une douzaine de kilomètres. (2 & 3)

 Obsèques dun soldat allmenand Bourdonnay vers fin 1915

Obsèque d'un soldat allemand à Bourdonnay fin 1915
(Photo de Mr LIZEUR)

   
 prises darmes Bourdonnay 1916

Bourdonnay, bas du village, prise d’armes mars 1916
(Photo de Mr LIZEUR)

   
 enterrement offficer à Ommeray

Le régiment stationné à Bourdonnay et Ommeray défile dans le village d’Ommeray fin 1915 lors de l’enterrement d’un officier
(photo de Mr MAFIOLY)

   
 soldats vers début 1916 Marimont

Vers 1916 soldats allemands à Marimont à gauche ancienne étable
(Photo de Mr LIZEUR)

   

A cette période, beaucoup de jeunes gens et jeunes filles parlaient allemand suite à leur scolarité, mais se retour chez eux ils parlaient en français ou patois lorrain. .Des liens se tissèrent entre la population et le régiment allemand. En effet, les soldats allemands étaient courtois, bons clients des 3 cafés, boulangers et épiceries de Bourdonnay, de même dans le village d’Ommeray. De plus, les soldats achetaient des victuailles dans les fermes et payaient sans problème leurs achats. (2 & 3)

Les plus de 210 blockhaus construits à partir de septembre 1915, par des prisonniers russes, polonais, etc, sur le territoire de la commune de Bourdonnay ne furent jamais utilisés durant cette guerre. Plus aucune action militaire ne fut entreprise à l’exception de l’installation de mines sous les lignes françaises à Leintrey en Meurthe et Moselle le 10 juillet 1916. Les mineurs allemands (venus de la région de la Ruhr et de Silésie) séjournèrent durant leurs journées de repos au village de Bourdonnay. La population du village comprit qu’une action était en cours. 93 soldats français furent tués lors des explosions, mais l‘armée allemande n’arriva jamais à franchir cette ligne de front. ( 2 , 3 5, et histoire des entonnoirs de Leintrey)  

En novembre 1917, suite à la révolution bolchevique russe, des soldats refusèrent de monter au front. Un régiment bavarois fut envoyé à Bourdonnay et le 11 novembre 1917, les Bavarois firent sortir 23 soldats allemands des rangs devant toute la population du village qui se trouvait rassemblée sur la place. 19 furent fusillés pour l’exemple. Les autres furent emmenés pour une destination inconnue. Cet événement a fortement frappé la population présente.(2 & 3)

En 1919 lorsque Mr FUNKE dut vendre son domaine au groupe DAUM et Banque RENAUD de Nancy, le nouveau régisseur français, ne modifia ni le règlement, ni les avantages qui avaient été mis en place par Mr SCHAEFFLER pour les ouvriers du domaine. Cependant, beaucoup de cultures changèrent, arrêt de la betteraves sucrières, du seigle, et arrêt de l’année de jachère.

Ce qui traumatisa le plus les Mosellans annexés ce fut l’obligation, suite au traité de Versailles signé le 28 juin 1919,d’entreprendre des démarches administratives pour redevenir français, alors que la France les avaient abandonnés, après la défaite de l’armée française le 28 janvier 1871.

Personnellement, j'ai rédigé ce document avec grand plaisir et avec l'espoir de le faire partager autour de moi. Pour le village de Bourdonnay ainsi que pour les communes voisines, le nom de "Marimont" rappelle des souvenirs inoubliables pour de nombreuses familles.

Lors de l'achat du domaine par Anne-Marie COLLOT, puis les achats de terres par son gendre le Baron JANKOVITZ la surface en terre de 700 hectares nécessitait plus de 200 emplois journaliers, ce qui implique que tous les autochtones ou presque, ont eu un ancêtre qui a travaillé au domaine. Les archives départementales, notamment dans la rubrique "Registres paroissiaux" peuvent en témoigner, pour revivre le passé.

Par ce document, l'Association pour la Restauration de la Chapelle de Marimont valorise ce domaine si important pour la vie de notre secteur rural.

 

Biographie :

  • Extrait de la thèse agricole de Raymond HOUPERT parue en juillet 1922, qui se base sur les archives laissées par Mr SCHAEFFLER après la vente du domaine en 1919.(1)
  • Témoignage de mon arrière grand-père Gustave GRELIN : berger à Marimont notamment durant cette période d’annexion (2)
  • Témoignage et lettres de mon grand-père Edmond RITIMANN : né en 1903 à Bourdonnay, il avait  11 ans à la déclaration de la 1ère guerre mondiale. C’est un neveu de Mr Rémy RITIMANN qui avait installé une nouvelle variété de ruches à Marimont. A son décès Mr Edmond RITIMANN, son neveu lui succéda jusque dans les années 1986. Souvent j’accompagnais mon grand-père et nous rencontrions ainsi le propriétaire Mr SCHATZ. (3)
  • Biographie éditée en 1953 par Georges RIGAULT édition Procure sur la vie du Très Honoré Frère Athanase Émile, né à Bourdonnay le 06 août 1980 de son nom Louis Arthur RITIMANN, (4)
  • Témoignages de Madame HIPPI de Bourdonnay et de nombreux anciens commis du domaine que j’ai soignés durant de nombreuses années.(5)
  • Les grands domaines en Lorraine Par Nic. Kaumanns à Strassburg écrit en 1904.(6)

Lexique

Adventice : = désigne, pour les agriculteurs une plante qui pousse dans un champ sans y avoir été intentionnellement installée.[1]. Les adventices sont généralement considérées comme nuisibles à la production agricole.

Assolement : = Répartition des cultures entre les parcelles d’une exploitation.

Betterave sucrière : = c’est un type de betterave cultivé pour sa racine charnue utilisée principalement pour la production du sucre (saccharose).

Centrifugeuse : L’extraction est l’opération qui se passe dans la “miellerie” et qui consiste à faire sortir le miel des cadres par l’effet de la force centrifuge.

Différence entre fermage et métayage : Le principal critère pour différencier les deux régimes repose en effet sur la nature de la contrepartie dont bénéficie le bailleur en échange de la location des terres. Alors qu'en cas de fermage, le propriétaire perçoit un loyer dont le montant est déterminé à l’avance. En cas de métayage il va percevoir une part des produits de l'exploitation.

Fermier : = Personne qui loue la terre qu'elle cultive, et paie un fermage au propriétaire, loyer fixé payable en argent. . Chef d'exploitation agricole, locataire ou non des terres qu'il cultive ; agriculteur.

régisseur : = Personne chargée d'administrer un domaine pour le compte d'un propriétaire.

jachère : = Terre non cultivée temporairement pour permettre la reconstitution de la fertilité du sol.
Le charronnage : = Le charronnage désigne le travail du charron qui consiste à fabriquer ou réparer des charrettes.

Provendes : = Aliment à base de farines de céréales et de graines de légumineuses, qu'on distribuait aux animaux à l'engrais.

Tatare : = Appareil servant à nettoyer les grains après le battage, grâce à un système de ventilation commandé manuellement ou par un moteur.

La Saint Etienne (26 décembre) jour férié suivant une Loi Allemande. Dans le monde agricole, c’était aussi la journée dédiée aux commis en Moselle. C’était le jour où ceux-ci cherchaient à changer de patron. Mais personnellement, je n’ai rien trouvé à ce sujet sur Internet. Pourtant ce jour-là, c’était grande affluence au café des abeilles à Bourdonnay, et de nombreux commerçants en bestiaux s’occupaient des transactions.

Remerciements :

- Mr FAUCONNIER Serge, pour le prêt de la thèse agricole de Raymond HOUPERT parue en juillet 1922, sans ce livre, cette recherche aurait été impossible.
- Mr LIZEUR Armand, pour les nombreuses photos, et les renseignements qu’il ma communiqué sur les hectares que possédaient le Domaine notamment sur la commune de Donnelay.
- Mr Eugène Izydorczyk, pour sa photo du vieux château, et sur la vie au Domaine entre les 2 guerres, il habitait à Marimont et son papa y travailla pendant de très longues années.
- Mr Bernard MAFIOLY
- Mme PICAUT Mireille pour son aide.
- Mme PIERRON Nicole, pour son aide.
- Mr JAMBOIS Marcel pour les prises de photos avec son drone.
- Mr WALENTA Albert, pour son aide aux recherches aux Archives Départementales de la Moselle.
- Au Lions Club du Saulnois qui est à l’origine de la création de notre association.
- Aux membres de l’ Association pour la Restauration de la Chapelle de Marimont  qui se donnent sans compter.
- A la famille JULLY propriétaire actuelle du Domaine de Marimont

Et un grand remerciement aux membres du Lions Club du Saulnois de m’avoir soutenu dans ce projet de restauration de la Chapelle funéraire de Marimont.