Association créée en 2009 à l'initiative du Lions Club du Saulnois |
Le Domaine de Marimont
durant la période de l’annexion
Commune de Bourdonnay Moselle
Vue du Domaine de Marimont |
Chapitre I
GENERALITES
AGRICULTURE EN MOSELLE en 1871
La Moselle d’une superficie totale de 6 216 Km² est essentiellement agricole, 310 800 hectares sont affectés à la culture, comprenant terres cultivées, prés naturels, pâturages, jardins, potagers, et quelques vignes.
Ces terres se répartissent surtout entre petites et moyennes exploitations (propriétés jusqu’à 20 hectares).Cependant la Moselle compte plus de 3.000 propriétés de plus de 20 hectares et plus de 300 domaines agricoles de 100 hectares et plus . Ces derniers se trouvent essentiellement dans les arrondissements de Metz-Campagne et de Château-Salins.
SITUATION GEOGRAPHIQUE
Le domaine de Marimont est situé au sud-est de la Lorraine, dans l’arrondissement de Château-Salins, canton de Vic sur Seille, et fait partie de la commune de Bourdonnay département de la Moselle. Cette région s’appelle le Saulnois par rapport à la nature de son sol riche en sel.
Quelques parcelles agricoles du Domaine de Marimont, s’étendent sur les territoires des communes de Donnelay, Ommeray, Gelucourt, et Lagarde.
L’ensemble des bâtiments de la propriété couronne une des collines, caractéristique du plateau lorrain. Ces constructions se groupent sur un petit plateau au sud de la tête boisée de la colline et se trouvent par cette disposition à l’abri des grands vents, un élément désagréable du climat lorrain.
Cette situation élevée permet de dominer l’ensemble des terres et procure une agréable vue dans toutes les directions. D’autre part, ce joli site du domaine entouré d’un parc de 3 hectares, avec vue étendue sur les collines lorraines et les montagnes des Vosges s’impose à la vue de tous les alentours.
SITUATION ECONOMIQUE
Malgré la situation en apparence isolée, il est facile d’atteindre les points de trafic et les grandes voies de communications. En effet, la route nationale passe à 1 kilomètre de la ferme et mène aux deux gares de Gelucourt et d’Azoudange, à une distance de 4 kilomètres chacune ;
d’autre part, il est possible de prendre le train Paris-Strasbourg à la gare d’Avricourt, distante de 12 km par une route correcte.
Le Domaine n’ est éloigné du canal de la Marne au Rhin que de 6 kilomètres, A 9 km du Domaine, se trouve Dieuze, petite ville industrielle de campagne (usine chimique, 2 garnisons.), et la Sous-préfecture de Château Salins est à 18 km.
HISTORIQUE
Autrefois des soldats Celtes occupaient la colline afin de protéger la voie d’accès, puis les Romains ont installé une forteresse, afin de surveiller la voie romaine Metz/Strasbourg qui passait à proximité de Marimont. A côté des ruines du château fort, des archéologues ont découvert des traces de villas gallo romaines.
La colline sur laquelle s’étend Marimont, est surmontée par la ruine d’un château fort du Moyen Age, dont on ne distingue plus qu’une tour. Ce sont les derniers vestiges d’une épopée historique importante, rappelant une époque où Marimont était la résidence de grands seigneurs. ( Le premier Château Médiéval date du IX ° siècle. Il fut une première fois détruit, puis reconstruit par la seigneurie des Comtes de Réchicourt, qui dépendait du temporel de l'évêché de Metz sous l'Ancien Régime.Il fut définitivement détruit en 1427.)
A noter que le village de Bourdonnay a été entièrement détruit pendant la guerre de Trente Ans et reconstruit à son emplacement actuel.
L'histoire de Dieuze remonte à l'antiquité. Les sources salées sont exploitées dès l’époque gallo-romaine. « Duosa Villa » prospère grâce au sel. Elle attirera bientôt la convoitise des ducs de Lorraine. L’histoire de Dieuze fut celle de sa saline, documentée à partir du début du XIIe siècle. La ville fut en effet un enjeu pour le chapitre de Sainte-Madeleine de Verdun et les ducs de Lorraine.
Dieuze est un ancien fief important du Bailliage d'Allemagne et était en 1594, le chef-lieu d'une prévôté et châtellenie. En 1710, la commune faisait toujours partie de ce même bailliage en tant que prévôté et Office. L'usage de la langue française était encore peu répandu à Dieuze à la fin du XVIe siècle. Et on y produisait encore en 1632 des actes rédigés en allemand.
Comme dans presque la totalité du Saulnois, la population fut massacrée durant la Guerre de Trente Ans (à l’exception des villes fortifiées comme Marsal, Dieuze, Vic sur Seille) . A la fin de cette guerre, selon les historiens, il ne restait que 12 % de la population.
Un télégraphe de Chappe fut installé sur une ruine d’une tour du château médiéval de 1798 à 1852 *)
En 1790 Bourdonnay fait partie du nouveau département de la Meurthe, la Préfecture étant Nancy.
Durant dix ans, le Bourg a été, chef lieu de canton et comptait 10 communes.
En 1870 Bourdonnay comptait 1150 habitants.
Parmi les anciens propriétaires, on cite les noms de la famille JANKOVITZ parent et chancelier de Stanislas Leszczynski et des comtes de Leiningen. Marie Anne COLLOT grande sculptrice française de renom native de Nancy, épouse du fils du sculpteur Etienne FALCONET, Pierre Etienne dont elle eut une fille Lucie. Elle racheta le Domaine de Marimont à son retour de la cour de Catherine II de Russie en 1791. Sa fille Lucie épousa Antoine-Stanislas-Nicolas-Pierre-Fourrier JANKOVITZ (voir sur notre site La Saga JANKOVITZ de Lunéville à Marimont écrite par Monsieur Jean Paul PEIFFER; « en version française et allemande »)
Chapitre II
LES PROPRIETAIRES SUCCESSIFS DU DOMAINE DE MARIMONT
- troupes Celtes pour protéger le chemin
- vers 52 AV J C : occupation par les Romains, jusque vers l’an 400
- de 400 à l’an 800 : (inconnu)
- de 800 à 1636 (environ) : le propriétaire est un seigneur de Marimont qui dépendait de la Seigneurie de Réchicourt
- de 1636 à 1791 : LEININGEN, alors propriétaire également du Château de Romécourt commune d’Azoudange Moselle.
- 1791-1885 : Marie-Anne Collot-Falconet et Famille Jankowitz . A l’achat du Domaine par Marie Anne COLLOT la surface était de 318 hectares, le Baron JANKOVITZ une fois à Marimont acheta de nombreux hectares dans les communes voisines ainsi la ferme comptait plus de 700 hectares + une ferme à Rhodes (44 hectares qui était en fermage).
- 1885-1889 : Consortium Simon LIEVRE à Sarrebourg, Jean Edmond MEZIERES à Blâmont et Jean Baptiste Joseph LENGLET à Nancy. Suite au décès de Mr LENGLET la famille vend 200 hectares, dont 87 hectares sur le ban de la commune de Donnelay.
- 1889-1919 : Société Allemande, Mr Guillaume Funke-HUECK, le régisseur était Monsieur Georg SCHAEFFLER, le Domaine comptait alors 500 hectares..
- 1919 -1932 : Société Daum - Banque Renaud de Nancy : domaine en fermage
- depuis 1932 : Indivision Bruhné-Schatz transformée en G.F.A. du Domaine de Marimont en 1978 (Propriétaire actuel SCHATZ/JULLY)
L'ANNEXION DE L'ALSACE-LORRAINE
Suite au traité de Francfort en date du 10 mai 1871, de nombreux jeunes gens de la Moselle annexée ont quitté la région en choisissant de garder la nationalité française. à Bourdonnay 122 habitants choisirent la nationalité française. |
Blason |
Poste Frontière |
Cependant à la déclaration de la première guerre mondiale, en août 1914, la main d’œuvre vient cruellement à manquer, les hommes étant appelés à rejoindre leur régiment. La récolte des moissons s’en est ressentie et il fallut faire appel à d’autres ouvriers de régions plus éloignées.
Dans les mois qui suivirent, des prisonniers polonais issus du monde agricole sont arrivés. Le contremaître polonais, resté employé du Domaine, traduisait les ordres.. Très vite, ces prisonniers se sont très bien intégrés et pour la plus grande partie, se firent remarquer par l’excellent travail qu’ils fournissaient. Plusieurs d’entre eux s’installèrent dans des logements laissés vacants et reçurent du régisseur un petit pécule. Durant toute la première guerre mondiale, un régiment allemand s’installa dans le village de Bourdonnay(Bortenach) et Ommeray (Ommerich) . La ligne de front étant distante d’une douzaine de kilomètres, ils se relayaient tous les 10 jours pour l’atteindre. Durant cette période, le travail à la ferme fut aussi perturbé, car de nombreux blockhaus furent construits à partir du mois d’avril 1915, notamment sur la butte de Marimont (226 en tout sur le territoire de la commune de Bourdonnay (Bortenach) dont un hôpital militaire souterrain pouvant accueillir 300 blessés). Afin d’effectuer ces travaux de défense, des rails furent installés pour relier à partir de la gare de Gelucourt, le canal de la Marne au Rhin à proximité du village de Lagarde. Le ciment et les matières premières étaient acheminés par des péniches puis transportés par des wagonnets. Des prisonniers Russes et Roumains ont travaillé à ces constructions.
Avant la guerre, l’Empereur Guillaume II, ami de la famille FUNKE effectua plusieurs séjours au domaine. Lorsqu’il était présent, des soldats gardaient le château. Seuls les domestiques de la demeure pouvaient y accéder. Pendant la première guerre le Kronprinz séjourna assez régulièrement au château.** (témoignage de Gustave GRELIN)
Les nouveaux propriétaires allemands en Moselle
Vers les années 1888, une loi est votée par le parlement allemand, obligeant les propriétaires de Moselle à vendre les domaines que des industriels allemands souhaitent acheter. Le prix d’estimation de l’acquisition était donné par le tribunal de Strasbourg .
Paru dans l’EST REPUBLICAIN en date du 25 février 1891
I- 1° Domaine de Marimont situé sur le territoire de la commune de Bourdonnay, arrondissement de Château-Salins. Achat en 1889 par Mr Guillaume FUNKE.
2° Domaine de Lagrange au Bois, près de Metz,
3° Chagny-la-Horgne (ferme-château du XVe siècle située sur le territoire de la commune d’Ars-Laquenexy,) : Les héritiers Morillot firent cesser l’indivision le 22 avril et le 10 mai 1890 en vendant la propriété à la firme allemande « Funke et Huech » dont le siège était à Hagen en Westphalie pour la somme de 20 200 marks soit 20 200 Francs. Mr FUNKE, devait conserver les 3 domaines jusqu’en fin 1918.http://www.ars-laquenexy.fr/histoire-du-village/visite-sites/chagny-la-horgne/
Ces 3 domaines sont achetés par Monsieur Guillaume FUNKE, manufacturier à Hagen en Westphalie,
II- 4° Ferme KAMMERHOLZ arrondissement de Sarrebourg, acheté par Mr FASTERANT, agriculteur en Westphalie.
III- 5° Domaine de HELLOCOURT, arrondissement de Château-Salins, acheté par Monsieur III- LORENTZ manufacturier à Karlsruhe.
IV- 6° Ferme du Haut de Koeking, arrondissement de Château-Salins, acheté par Monsieur GINSER , agriculteur à Wiesbaden
V- 7° Château D’URVILLE, y compris les fermes de Pont à Chaussy .et des Ménils commune de Courcelles-Chaussy, arrondissement de Metz, achetés par L’Empereur
VI- 8° Domaine des Carrières, près de Niderviller, arrondissement de Sarrebourg , acheté par le baron de Stientankres, commandant en retraite.
VII- 9° Domaine d’Antilly, près de Metz, acheté par Monsieur Hagrebe, agriculteur à Brunswick
VIII- 10° Domaine de Landonvillers , commune de Courcelles-Chaussy, arrondissement de Metz, acheté par Monsieur le docteur HAMEL, directeur du district de Mœurs-sur-le-Rhin
Par sa situation comme par son importance, par le genre d’exploitation, ainsi que par son administration, et aussi par l’état florissant de ses cultures, Marimont est un des domaines les plus intéressants de la Moselle.
Le domaine de MARIMONT acquisition de Mr Guillaume FUNKE en 1889.
Le domaine comptait 500 hectares qui se divisaient comme suit :
- Emplacement de la ferme .……....…3 hectares
- Parc et château ……………….… .. .3 hectares
- Terres labourables………..…....… 280 hectares
- Prés…………………………….… …50 hectares
- Prés artificiels et parc clos……. ....40 hectares
- Vigne…………………………...… ...13 hectares
- Verger………………………….......… 2 hectares
- Potager……………………….…..........1 hectare
- Forêt……………………………..... 100 hectares
- Étang………………………….......….8 hectares
- Plus des hectares en jachères du secteur pour faire paître environ 200 moutons.
Avant l’achat, la ferme était en fermage, mais Mr FUNKE Guillaume (grand industriel originaire de HAGEN en Westphalie), prit un Inspecteur du Domaine (c'est-à-dire un régisseur) Mr SCHAEFFLER Georg, ingénieur agronome originaire de Bavière, qui eut la charge de moderniser et de rentabiliser le domaine.
A partir de cette époque, le système d’exploitation jusqu’alors en vigueur changea complément. Il n’y eut plus de fermier. Mr FUNKE avait l’ambition de créer une grande ferme modèle pour la région et il y réussit grâce à son régisseur Mr SCHAEFFLER, très au courant des nouveaux procédés et des progrès faits dans les dernières années. Il s’inspirait des théories nouvelles intéressantes et supérieures qui furent appliquées suivant les conseils du propriétaire.
Son principe fut : d’augmenter le rendement tout en améliorant le fond. Ce but était irréalisable avec le système de labourage pratiqué jusqu’alors. Les 2 grandes innovations dont le drainage complet des terres et le labourage à vapeur, deux faits qui marquent dans l’histoire de l’agriculteur lorraine. L’exécution de l’un et l’installation de l’autre ont coûté une fortune, mais les résultats obtenus étaient excellents et concluants, et ont prouvé indiscutablement que les grosses terres sont susceptibles d’amélioration par un assainissement approprié et un travail intelligent. L’argent bien employé dans ce sens est une véritable mise de fonds.
Une centrale hydraulique est construite sur ordre de Guillaume II en 1880 à la Hoube.
En 1881, Mr FUNKE et Mr LORENTZ (propriétaire du Domaine d’HELLOCOURT), se mettent d’accord pour faire venir de l’électricité depuis la centrale de La HOUBE commune de DABO (Moselle) soit une ligne d’une longueur de 66 km à vol d’oiseau..
Ainsi Toute la ferme fut électrifiée par Monsieur FUNKE.
date de la construction 1880 au dos symbole de Guillaume II, à droite photo récente |
AMELIORATIONS ET RESULTATS.
Par ces deux grandes innovations : drainage et labourage à vapeur, procédés nouveaux à cette époque, le domaine de Marimont au bout d’une dizaine d’années obtint de ses terres des résultats absolument remarquables qui étonnèrent les agriculteurs du pays.
Marimont marcha à la tête du progrès, surtout depuis la création de la Station agronomique de Colmar et de sa succursale de Metz. Avec le Comice agricole de Strasbourg, MR SCHAEFFLER restait en relation étroite.
Peu à peu, le Domaine de Marimont gagna la renommée d’une ferme modèle.
La ferme introduisit la culture de la betterave à sucre, que les cultivateurs lorrains jugeaient impossible dans les terres compactes, et, grâce à une intelligente utilisation de tous les facteurs favorables, sut en faire une culture très rémunératrice.
Une autre culture inaugurée à Marimont est celle de l’orge de brasserie.
Même la culture des pois de conserve fut malgré un climat peu propice aux cultures printanières d’un rendement fort satisfaisant.
D’une grande importance pour l’agriculture du pays, étaient, sans contredit, aussi les champs d’expériences pour plantes sarclées, où furent établies les espèces les mieux appropriées à la région : de même, les champs de sélection produisirent un matériel de semences de première qualité.
Très instructives et d’un puisant stimulant furent aussi les observations faites avec l’apport des différents engrais chimiques, dont la plus grande partie provenait de l’usine chimique de Dieuze « Ugine Kuhlmann»
Enfin, pour résumer, toutes les cultures donnèrent des rendements supérieurs, grâce à la préparation rationnelle des terres, à l’emploi judicieux des engrais chimiques, aux soins donnés par une main-d’œuvre suffisante et bien surveillée et à l’utilisation ingénieuse de tous les facteurs susceptibles d’apporter aide, simplification ou avantages quelconques.
Même les spéculations en furent favorablement influencées ; l’élevage des chevaux se ressentit heureusement par la meilleure qualité des fourrages dans les prés assainis par le drainage, et améliorés par les engrais chimiques.
L’élevage bovin devint bien plus facile et plus rémunérateur par l’apport de fourrages de qualité, de betteraves, pulpes, etc..
Le troupeau de porcs fut également augmenté et l’élevage pratiqué sur une plus grande échelle, sans besoin de se procurer des aliments complémentaires ailleurs que dans les greniers ou caves de la ferme. On y établit même une race de porcs très appréciés dans toute la Lorraine.
Les avancées sociales apportées par les allemands avec l’annexion :
Durant cette période de l’annexion, Marimont a des mérites sous bien des rapports, grâce à la ténacité du Régisseur Mr SCHAEFFLER et le grand apport financier du propriétaire Mr FUNKE. Le Domaine a influencé d’une façon heureuse l’agriculture de la région qu’elle ouvrait au progrès.
Elle a fait œuvre sociale dans cette petite Lorraine si peu accessible aux influences du dehors, elle y réussit en donnant l’exemple.
Entre 1883 et 1889 est introduit un système complet d’assurances (assurance maladie, protection contre les accidents du travail, assurance vieillesse, etc…)
NATURE DES TERRES
Les terres du domaine de Marimont offrent un relief varié, s’étendant sur une plaine très mamelonnée. Une grande partie de la superficie totale est d’un seul tenant, prenant sur les bans de quatre communes à l’exception des terres se trouvant sur la commune de Lagarde. Le sol est formé presque totalement de limon des plateaux. Dans l’ensemble argileux, il est cependant en partie argilo-calcaire, et surtout argilo-siliceux. La consistance est grande, ce qui rend les travaux difficiles, notamment pendant la saison humide. Grâce au drainage, l’état physique de cette forte terre a été corrigé. Les eaux en surabondance sont évacuées, et, en saison sèche, l’humidité des couches inférieures, du sous-sol montent par capillarité vers la couche arable, qui est en moyenne de 30 centimètres.
Au point de vue géologique, nous rencontrons les mêmes conditions que dans les grandes régions d’élevage de l’Europe.
En somme, les terres de Marimont sont bonnes, fraîches, et aptes à presque toutes les culture à condition d’être travaillées avec beaucoup de soin.
HYDROGRAPHIE
La ferme étant située sur une colline, il est évident qu’aucune rivière ne se trouve à son voisinage immédiat.
Mais il existe un petit cours d’eau d’une grande valeur, dont la source est au versant de la colline elle-même. Après avoir traversé et alimenté d’eau les herbages, elle contribue à former un étang de vingt hectares, à 1.500 mètres du domaine, c’est l’étang de Donnelay.
A 500 mètres environ de cette première source, se trouve une seconde source qui alimente le domaine.
L’eau s’accumule dans un puits creusé profondément dans la craie. Une pompe à vapeur l’élève ensuite jusqu’aux deux citernes qui contiennent 30 mètres cubes et sont situées au point le plus haut de la ferme. L’eau est mise à portée ensuite par une canalisation distributrice.
Toutes ces terres labourées sont drainées, c'est-à-dire 400 hectares,. Cette opération qui a pour but d’assainir le terrain humide et compact, n’a pas été très difficile à établir grâce à la déclivité naturelle du terrain. La pente, plus ou moins accentuée, se continue jusqu’aux deux étangs, dont l’un appartient à la propriété : l’étang d’Harmand, d’une étendue de 8 hectares.
Les eaux résiduaires, en utilisant la pente du terrain, s’évacuent par une canalisation spéciale, dans l’étang voisin (l’étang de Bru ) commune de Donnelay.
SPECULATIONS ET DEBOUCHES
La proximité des garnisons de Dieuze (2 régiments) et Morhange (3 régiments), offre un débouché facile, pour le grain, la paille, et le bétail. Cependant la plus grande partie de ces produits s’écoule dans les grandes villes comme ; Metz, Sarrebourg, Strasbourg (notamment pour les betteraves sucrières).
Chapitre III
PERSONNEL ET MAIN D'OEUVRE
Étant donné les nombreuses variétés de cultures et d’élevage de ce domaine, le personnel doit être relativement nombreux (63 personnes sont employées à l’année)
Au domaine pratiquement tous les corps de métiers sont représentés et le domaine peut vivre en autonomie complète, boulangers, bouchers, cuisiniers, etc..:
Le personnel peut être classé en trois catégories :
1° catégorie :
Les gagistes : tels que les charretiers, charpentiers, maçons, charrons. matelassiers, cordeliers, maréchal ferrant, charpentiers, forgerons vachers, porchers, bergers, hommes de cour, jardiniers, bouchers, cuisinières, boulangers, cuisinières, chefs de culture, mécaniciens, vignerons,. Ces ouvriers ont une place stable et sont spécialisés dans les travaux pour lesquels ils présentent le plus d’aptitude et par conséquent ne tiennent pas à changer de place. En général ils habitent au domaine et sont nourris et logés, à l’exception des charrons, maçons, matelassiers, cordeliers, charpentiers, ces derniers habitent dans les villages voisins. Tous les employés gagistes sont employés à l’année.
2° catégorie :
Les journaliers : Pour eux, le travail est assuré d’une façon normale, pendant l’été seulement.
Ce personnel comprend en premier lieu les membres des familles des ouvriers sédentaires et en second lieu une deuxième équipe d’ouvriers. Mais celle-ci vient en général, au moment de la fenaison pour rester jusqu’après la récolte des betteraves. Les occupations de ces journaliers sont très diverses selon la saison ; ils se chargent des façons à donner aux betteraves, à la vigne, des travaux de la fenaison, de la moisson, du regain, de l’arrachage des pommes de terre, des betteraves, de la vigne..
3° catégorie :
Les vendangeuses : Des jeunes filles venant des villages voisins, au moment de la vendange, viennent à la ferme afin qu’on les recrute spécialement. C’est un usage établi depuis de nombreuses années. Mais la priorité est donnée aux femmes et enfants des ouvriers sédentaires.
4° Catégorie
Le personnel de surveillance : les contremaîtres, le comptable et l‘aide comptable
Le personnel de surveillance comprend d’abord un contremaître principal qui est au courant de tous les travaux de la ferme. Le soir, après la rentrée du personnel il détermine avec le régisseur les travaux à effectuer le lendemain.
Le contremaître transmettra le matin les ordres aux différents chantiers, à savoir : au chef de culture pour tout ce qui concerne les travaux des champs; au chef des équipes de polonais, ainsi qu’au chef des vignerons. Ces deux derniers chantiers effectuent en général tous les travaux faits à la main : soit aux vignobles, aux arbres fruitiers soit dans les champs. Aussi, selon les besoins et le temps, ces deux équipes peuvent elles-mêmes se diviser ou se compléter l’une par l’autre.
Tous les soirs, le personnel de surveillance fait le compte rendu des travaux effectués durant la journée et indique l’effectif des ouvriers qu’il a dirigé.
Outre ce personnel, il y a un comptable et un aide comptable qui est à la fois magasinier.
La direction : un Régisseur Mr SCHAEFFLER, chargé de mettre en œuvre les décisions prises par Mr FUNKE et responsable du fonctionnement, un comptable qui est également chargé de la logistique et de l’achat du matériel nécessaire à la bonne tenue de la ferme et un responsable des chefs d’équipes.
Beaucoup de sédentaires et une partie des journaliers sont logés à la ferme ; parmi ceux-ci les célibataires sont en plus nourris. D’autres habitent dans les villages avoisinants (Bourdonnay, Ommeray, Maizières les Vic, Donnelay et Gelucourt).
STATUTS DU PERSONNEL DE MARIMONT
En 1890 la parité entre le franc et le mark était équivalente
Le régisseur Monsieur SCHAEFFLER, établit un règlement.
Les statuts sont soumis à chaque ouvrier avec le règlement de l’exploitation lors de l’engagement. Si les conditions lui agréent, il les approuve par sa signature et s’engage ainsi. A partir de ce moment là, il est considéré comme faisant partie du personnel de la ferme.
Les statuts ne concernent que les ouvriers logés à la ferme.
1° Ouvriers mariés, logés, non nourris ;
2° Ouvriers non mariés, logés et nourris,
tandis que le règlement s’étend à tous.
Les statuts sont soumis à chaque ouvrier avec le règlement de l’exploitation lors de l’engagement.
VOICI LES STATUTS EN VIGUEUR.
ARTICLE PREMIER—l’exploitation emploie :
1° Des ouvriers, célibataires logés et nourris ;
2° Des ouvriers mariés logés ;
3° Des ouvriers vivant à l’extérieur de la ferme.
Art. 2—Les ouvriers logés et nourris ainsi que ceux qui sont simplement logés sont engagés au mois, mais peuvent suivant leur désir, l’être à l’année. Les ouvriers vivant à l’extérieur sont engagés au mois ou à l’année ; ils peuvent aussi travailler à la journée, mais seulement lorsqu’ils ne sont pas chargés d’un service exigeant leur présence journalière à la ferme.
Art. 3—Les salaires fixes varient suivant le genre de travail, la spécialité ou le service.
Art.4—Une indemnité de famille est allouée aux ouvriers, travaillant au mois ou à l’année exclusivement et après un an de service.
Cette indemnité s’élève à (par mois) :
10 fr ; pour un enfant âgé de moins de 15 ans
15 fr ; pour le deuxième enfant âgé de moins de 15 ans
20 fr ; pour le troisième enfant âgé de moins de 15 ans, et ensuite 10 fr par mois et par enfant au-dessus des trois premiers.
Art.5—A partir de 21 ans et après un an d’un travail régulier et suivi à la ferme, les ouvriers au mois ou à l’année reçoivent une prime de 20 fr par année de service en plus de la première ; cette prime s’augmentera de 20 fr par année, mais sans effet rétroactif.
ART 6—Les ouvriers mariés et travaillant au mois ou à l’année ont droit après un an de service au chauffage. L’allocation de chauffage est accordée en nature ; soit 8 stères de bois ou 2 500 kilos de charbon par an pour une famille comptant cinq personnes au plus, dont celles de plus de 14 ans travaillant à la ferme.
ART 7-- Les ouvriers mariés et travaillant au mois ou à l’année, et dont la famille compte moins de 5 personnes, ont droit par an à un porcelet pour engraisser (à moitié prix).
Si la famille compte plus de cinq personnes elle a droit par an à 2 porcelets. Ces porcelets seront cédés à moitié prix de leur valeur réelle et doivent être exclusivement réservés aux besoins du ménage et non vendus à l’extérieur. En cas de non respect, la valeur réelle du porcelet sera retenue sur le salaire et la famille n’aura pas le droit d’ avoir un porcelet l’année suivante.
ART 8--.Les ouvriers remplissant les conditions énoncées à l’article 7, ont également le droit d’élever en permanence 15 lapins et 15 volailles vivant en parquet. Ce nombre est un maximum à ne pas dépasser.
ART 9—Dans les conditions énoncées à l’article 7, il sera accordé 25 ares de jardin, à chaque famille.
ART 10—La paille et la litière des porcs seront fournies par la ferme à raison de 80 kilos par porc et par mois. Le fumier sera abandonné aux ouvriers pour leur jardin.
ART 11-- Les ouvriers remplissant les conditions énoncées à l’article 7, seront seuls fournis en lait par la ferme, à moitié du prix normal, à raison d’un demi-litre par jour et par personne habitant sous le même toit du domaine, ascendants directs, enfants de moins de 14 ans et enfants de plus de 14 ans travaillant à la ferme.
Le beurre sera cédé à la moitié du prix normal. Chaque famille de moins de cinq personnes aura droit à une demi-livre par semaine, une livre par semaine pour une famille de plus de cinq personnes.
ART 12—Chaque année, le personnel pourra acheter à la ferme une certaine quantité de fruits : pommes, mirabelles, raisins ; la quantité est fixée selon l’importance de la récolte.
Le prix sera toujours moitié du prix courant.
ART 13—des modifications pourront être apportées par le régisseur aux présents statuts pour supprimer ou étendre à certains ouvriers les avantages donnés à la ferme.
Les ouvriers ayant accepté les statuts sont de ce fait engagés au service de la ferme, à la condition de se soumettre aux conditions suivantes. Ce même règlement est soumis aux ouvriers habitant dans les villages voisins et aux journaliers.
REGLEMENT DE LA FERME
** Ici nous ne pouvons énumérer tous les articles de ce règlement qui contient 15 articles, en voici quelques uns.
ARTICLE PREMIER —il est expressément défendu à quiconque de pénétrer sans motif de service, dans le parc, le verger, le potager et la vigne. L’accès des magasins, ateliers, greniers, est rigoureusement interdit en dehors des heures de travail ou sans motif de service.
ART 2—les ouvriers surpris en délit de maraudage seront frappés une première fois d’une amende 5 francs à 50 francs une deuxième fois une amende de 50 francs à 100 francs la troisième fois ils seront renvoyés. Les parents seront rendus responsables des délits commis par leurs enfants.
ART 5—Le dimanche, les ouvriers au mois ou à l’année devront fournir deux heures de travail pour les soins à donner aux animaux.
ART 7—Les acomptes seront donnés tous les samedis soirs.
ART 12—Pour faciliter le service de la cuisinière le dimanche, le service du repas du soir est fixé à 17 heures du 1° novembre au 1 ° mai et à 18 heures du 1° mai au 1° novembre.
Après ces heures, il sera inutile de se présenter à la cuisine ; la porte en sera fermée.
ART 13—La ferme n’est pas obligée d’assurer du travail tous les jours pour les femmes des ouvriers sédentaires, se déclarant prêtes à travailler à la ferme.
ART 14—Les ouvriers sont responsables des objets qui leur sont confiés.
Après la signature de l’engagement, on détermine pour l’ouvrier embauché les avantages matériels auxquels il a désormais droit.
Exemple : Vers les années 1890, le litre de lait est vendu en moyenne, 8 à 9 cts 8 à 9 pfennig.
Remarque : les employés achètent les produits à moitié prix du tarif de vente.
Voir Article 11 du règlement.
Nom : X..
Gage du mois : 180 francs (180Marks)
2 enfants 15 francs (15 Marks) + 10 francs) (10 Marks)
Total : =
Chauffage 8 stères de bois ou 2 500 kilos de charbon par an.
Lait, 2 litres à 8 pfennig x 2 = 16 pfennigs 1 litre de lait en francs = (16 cts par jour le litre de lait)
Beurre une demi-livre à 0,75 fr = 75 pfennigs la livre = 1 fr 50 = 1,5 mark par semaine
Porcelet 1 au demi-prix = 30 fr = 30 marks par an
Terre de jardin, 25 ares fumés + Paille, 720 kilos par an.
Ces avantages sont appréciables et offrent un moyen efficace pour attirer et retenir l’ouvrier à la ferme.
Le personnel de surveillance comprend d’abord un contremaître principal qui est au courant de tous les travaux de la ferme. Le soir, après la rentrée du personnel, il détermine avec le régisseur les travaux à effectuer le lendemain.
Le contremaître transmettra le matin les ordres aux différents chantiers, à savoir : au chef de culture pour tout ce qui concerne les travaux des champs ; au chef des équipes de polonais, ainsi qu’au chef des vignerons. Ces deux derniers chantiers effectuent en général tous les travaux faits à la main : soit aux vignobles, aux arbres fruitiers soit dans les champs. Aussi, selon les besoins et le temps, ces deux équipes peuvent elles-mêmes se diviser ou se compléter l’une par l’autre.
Tous les soirs, le personnel de surveillance fait le compte rendu des travaux effectués durant la journée et indique l’effectif des ouvriers qu’il a dirigé. Outre ce personnel, il y a un comptable et un aide comptable qui est à la fois magasinier.
DEROULEMENT D'UNE JOURNEE DE TRAVAIL AU DOMAINE
1° mai au 1° novembre |
1° novembre au 1° mai |
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Commencement de la journée |
5 heures |
6 heures |
Petit déjeuner, une demi-heure |
8 heures |
8 heures |
fin de matinée pour attelages |
11 heures |
11 heures |
fin de matinée pour chantiers |
11,30 heures |
11,30 heures |
Déjeuner |
12 heures |
12 heures |
Reprise du travail |
13 heures |
13 heures |
Goûter une demi-heure |
16 heures |
supprimé |
Cessation du travail |
18 heures |
17 heures |
Dîner |
19 heures |
18 heures |
La répartition du travail se fait sur la «place d’appel», devant la maison du Régisseur.
Soit c’est Mr SCHAEFFLER qui répartit le travail, soit c’est un des contremaîtres.
Les vachers, les porchers, .les bergers, etc… ne viennent pas à cette répartition des tâches
Il y a donc 11 heures de travail effectif par jour en été et 9 h 30 heures en hiver. On ne travaille jamais les dimanches et jours févriers en entier (sauf pour ceux qui s’occupent des animaux du domaine ; ARTC 15 du règlement)
LOGEMENT DES OUVRIERS
Afin de rendre l’existence de l’employé aussi agréable que possible, des foyers sont construits, ainsi qu’un bâtiment se situant à 500 mètres de la ferme est construit pouvant accueillir huit ménages. Il est dénommé : « Grand Fontaine ».
Chaque logement de cette nouvelle bâtisse, comporte trois pièces : cuisine, deux chambres. En outre, il y a : cave, grenier à fourrage, logement pour les animaux de basse-cour (porcs, lapins, volailles) remise pour bois et charbon. A ce logement est annexé un jardin pour légumes et une parcelle de terre de 25 ares par famille pour la culture du potager, dont des pommes de terre.
Le personnel de surveillance est logé à la ferme même, ainsi que les ménages vacher et porcher.
En général les ouvriers sont consciencieux, voir même fier de connaître leur métier.
D’où l’importance pour Marimont, qui est une ferme champêtre, de pouvoir loger une grande partie de son personnel.
Chapitre IV
BATIMENTS
L’ensemble des bâtiments d’exploitation forme un vaste rectangle, plus ou moins interrompu et irrégulier. Ils comprennent essentiellement quatre corps de ferme, qui se composent de : maisons d’habitation, écuries, étables, porcheries, granges, greniers et hangars. La ferme n’est point close, puisqu’une route de raccordement construite en 1892 traverse la cour de la propriété.
Tous les bâtiments s’élèvent sur un plan incliné vers l’est de sorte que plusieurs locaux sont à contre pente, c'est-à-dire que le dos présente une différence de niveau atteignant plusieurs mètres (c’est un moyen aussi d’éviter la propagation d’un incendie d’un bâtiment à un autre) ; c’est ce qui explique que l’un des bâtiments, qui forme cave avec grenier au-dessus, a ses deux étages au niveau du sol et qu’il est par conséquent accessible en ces deux façades aux attelages.
L’habitation du propriétaire est au château qui se trouve en dehors du rectangle constitué par les bâtiments de ferme proprement dits.
Le château est situé sur un terrain de 3 hectares avec une vue dominante sur la commune de Maizières les Vic et au fond la ligne des Vosges.
A noter la chapelle du château se trouvait à l’aile gauche du bâtiment |
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Le château (Photo de Mr Izydorczyk)) |
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Le château après reconstruction vers les années 1950 |
Au centre de la place se trouve la maison du Régisseur, un petit clocher surmontant la toiture sert à appeler les employés du domaine afin de définir les tâches de chacun pour la journée. Sur la façade de la maison se trouve également une horloge.
Maison du régisseur et place d’appel. |
A l’achat du domaine par Mr FUNKE, les bâtiments de la ferme sont en général vieux, mais en bon état. La nouvelle étable et l’écurie datent de 1890, mais cette dernière a été la proie d’un incendie (hiver 1902 ou 1903 : G.G) (2) (qui a été rapidement maîtrisé grâce à la pompe à bras qui avait été achetée par Mr FUNKE, et le renfort des pompiers de Bourdonnay*). Rapidement ce bâtiment a été reconstruit.
ECURIE, VACHERIE ET BATIMENTS ADJACENTS.
ECURIE
L’écurie peut contenir plus de 50 chevaux, avec 2 compartiments, ou plutôt écuries parallèles ; cette disposition est adoptée pour pouvoir utiliser une ancienne grange, en gardant les 4 murs, un large auvent est ajouté afin de pouvoir y abriter des voitures chargées de fourrage. Le principe de la construction est pratiquement identique à celle de l’étable (au chapitre suivant*).
A partir de l’achat du domaine par Monsieur FUNKE, la ferme a 6 chevaux de selle, 32 chevaux de trait du type ardennais-lorrain et Belge, animaux très robustes, pas trop lourds et extrêmement dociles. Cette dernière qualité n’est pas à dédaigner, car pour les attelages de quatre à six chevaux, le charretier a plus de facilité pour les conduire. Il y a 2 étalons et de nombreux poulains.
Chevaux à l’abreuvoir à la ferme de Bourrache commune de Marsal (photo de Mr REMILLON)
A noter ici les chevaux sont tous de race Ardennais |
ETABLE
C’est une construction solide construite dès l’achat du domaine par Mr FUNKE.
Elle est construite selon le schéma allemand, qui est excellent presque partout car assurer l’hygiène et la commodité est plus important que sauvegarder l’esthétique.
L’étable a été construite en 1890, (plaque se situant sur la façade de ce bâtiment) |
L’étable surmontée du grenier à foin, est le bâtiment le plus récent et le plus important de la ferme. Il occupe dans l’ensemble des bâtiments, toute l’aile orientée vers l’est. Sa forme est celle d’un rectangle de 100 mètres de long sur 12 mètres de large. Au milieu, dans le sens de la longueur, passe le large couloir d’alimentation et le long des murs longitudinaux règnent les couloirs de service. L’étable peut contenir sur les deux rangées, 100 bêtes, placées les têtes vers le couloir central. Celui-ci est partagé en deux moitiés par un petit couloir transversal assez large. Le point d’intersection des deux couloirs forme un rond-point au milieu de l’étable, d’où l’on aperçoit facilement les quatre rangées de bêtes chacune de 25 têtes. Ce couloir transversal donne directement sur l’entrée principale qui se trouve au milieu de la longue façade regardant la cour. Aux deux extrémités, c'est-à-dire dans les murs des pignons, il y a deux autres portes donnant accès direct au couloir central, et, comme ce dernier, elles sont suffisamment larges pour permettre le passage d’une voiture de fourrage vert. Ce couloir est extrêmement pratique en réduisant au minimum la besogne de l’affourragement, et en facilitant le contrôle des bêtes. En outre, de la salle des rations part un rail aérien, suspendu au plafond et à 2,20 m du sol. Ce rail qui règne dans toute la longueur de l’étable en passant au milieu du couloir central, supporte une caisse métallique destinée à transporter les provendes préparées (provendes = aliments de base de farine et de légumineuses * ). Ces aliments arrivant ainsi au-dessus des auges, sont déversés devant chaque bête par un simple décliquetage.
Le plafond est fait en béton soutenu par des T reposant sur des colonnes en fonte. Au-dessus du point central est pratiquée dans le plafond une ouverture donnant dans le grenier à foin.
Le sol est cimenté partout .L ‘emplacement de chaque bête est de 2,10 m x1,30 m et forme un plan incliné de 4 centimètres vers le caniveau pour les urines. Celles-ci s’écoulent par un canal souterrain jusqu’à la fosse à purin.
Les mangeoires présentent une installation particulière, très commode.
Il y a d’abord l’auge. Au rebord de celle-ci, une large table est inclinée vers cette auge. Le tout est cimenté.
La lumière et l’air pénètrent par douze ouvertures de 1,20 m x 0,85 m placées à 2,50 m du sol ; elles sont fermées par des fenêtres à bascules, que l’on peut incliner à volonté.
Du côté opposé, il y a des ouvertures carrées, sorte de guichets, que l’on ferme au moyen d’une porte à coulisse. Ces ouvertures donnent sur la grange où se trouve la paille, que l’on distribue par là, et servent à compléter l’aération de l’étable surtout en été.
La salle de rations donne sur la cave à betteraves, 2 employés en assurent l’alimentation.
Ils coupent environ 3 000 kg de betteraves en un quart d’heure. Dans cette pièce, se trouve une cuve pour préparer les buvées chaudes pour les veaux.
Les avantages de cette étable, ultra moderne pour l’époque, ne résident pas seulement dans son aménagement, mais aussi dans sa situation à portée de la cave de betteraves, du grenier à foin, de la grange à paille et en face de la fumière, position vraiment idéale.
Photo de l’ancienne étable , devant l’emplacement où se trouvait le fumier avec dessous la fosse à purin |
CAVE A BETTERAVES (SILO) ET GRANGE .
Le silo à betteraves (voir plus haut) se trouve derrière la vacherie et parallèlement à celle-ci.
Il y a donc en venant de la cour, d’abord la vacherie, derrière une grange et en parallèle une cave, qui occupe toute la longueur de la grange. Pour établir cette cave, on a ingénieusement utilisé la colline. Sur une longueur de 80 mètres, elle entre pour les trois quarts de sa largeur dans la colline en suivant le pied de celle-ci. De distance en distance, sur toute la longueur il y a des ouvertures (ménagées vers l’intérieur de la grange) , par où les betteraves sont déchargées dans la cave, ce qui demande moins de temps que d’arranger un silo en plein champ. De plus, cette cave présente l’autre avantage d’un silo, qui est de conserver les racines longtemps fraîches, tandis que pour les sortir, elle offre toutes les commodités d’une cave bien aménagée. En effet rien de plus facile pour les marcaires que d’emmener la quantité quotidienne de betteraves au coupe-racines. Sur le sol de la cave, dans toute sa longueur, sont posés des rails sur lesquels roule un wagonnet allant jusque dans la salle des rations qui est au même niveau que la cave.
La grange a six mètres de largeur ; c’est là que l’on décharge les betteraves dans la cave ; c’est là que l’on remise la paille qui forme couverture au-dessus de la cave, et c’est encore là que l’on décharge le fourrage et la petite paille qui ont leur place sur le fenil, qui se trouve au-dessus de la vacherie, vis-à-vis de la cave.
PORCHERIE
La Porcherie peut loger 60 truies et les verrats nécessaires. Dans sa totalité, la porcherie compte plus de 400 porcs. Dans la buanderie y attenant, se trouve une grande chaudière à bascule et à double fond, système Wentzky : grosse chaudière à bois surmontée d’une énorme cuve, pour cuire les pommes de terre pour les cochons.
La porcherie comprend deux bâtiments séparés où sont installées les loges destinées aux truies. Le plafond est à 2 m 30 du sol et ce dernier est cimenté. Les loges sont sur deux rangées le long des murs ; elles sont séparées par un couloir central de 2 m 50 de large bordé par des caniveaux. Chaque loge a 2m 50 de large et une profondeur de 3 mètres, ce qui fait un emplacement de 7 m² 50. Les cloisons en bois séparant les loges ont 1 m20 de hauteur. En avant sont ménagés des barreaux de fer, plus serrés dans la partie inférieure, pour empêcher le passage des porcelets. La porte également grillagée, a 1 mètre de largeur. L’auge de 1 m50 de long, est en ciment.
Au- dessus est disposé un couvercle en quart de cercle, formé également de barreaux de fer, et qui est articulé de façon que l’on peut l’abaisser vers l’intérieur de la loge ou vers l’extérieur, permettant respectivement ou empêchant aux animaux l’accès de l’auge. Les auges de verrat sont installées de la même façon. Elles se trouvent dans un bâtiment à part.
Le nouveau propriétaire Mr FUNKE, suivant les conseils de son régisseur Mr SCHAEFFLER, fit venir des porcs allemands de l’espèce Edelchwein. Ceux-ci ont été croisés avec le porc lorrain très estimé pour les qualités de sa viande et son aptitude à la reproduction. Le croisement avec le porc allemand a donné à la race indigène la précocité, qualité qui lui manquait complètement. Plus tard. on a introduit le Yorkisre qui réunit aux qualités indiquées ci-dessus, un squelette plus réduit et une plus grande proportion de viande.
(Depuis l’annexion le nombre de porcs élevés a considérablement augmenté (parallèlement, l’élevage des moutons a beaucoup diminué).
Les coureurs et porcs gras sont abrités sous un hangar clos, divisé en deux parties, ce qui permet la répartition par catégories (coureurs et porcs à l’engraissement). Ces porcs n’ont pas de loges particulières.
La porcherie est assez vaste, bien éclairée et bien aérée. Mais elle est un peu froide en hiver, aussi lorsqu’il y a de jeunes portées, la porcherie est chauffée à l’aide d’un fourneau à bois.
Les grands domaines en Lorraine (Extrait de "Journal Agricole" année 1904, n° 78)
« Ce qui offre un intérêt particulier c’est l’élevage des porcs, qui est pratiquée ici à Marimont d’une façon extraordinairement grandiose et intensive. Les porcheries renferment bien 400 bêtes. Je n’y vis pour la plupart que des truies avec leurs petits, ainsi que des cochons de lait jusqu’à 8 semaines et déjà sevrés. Les petits cochons sont nourris en première ligne avec de l’orge, puis avec du lait et des pommes de terre. Il paraît qu’un petit peu de poussier de charbon mélangé aux aliments produit l’effet le plus favorable sur la digestion.
Tous les autres porcs sont lâchés aux champs deux fois par jour. Ils passent le reste du temps jusqu’à l’arrière saison, tant de jour que de nuit, aussi bien que durant le jour en hiver, à l’air libre, dans un parc de 2 hectares planté d’arbres fruitiers, qui sont tous entourés d’une clôture de garantie très pratique. A 30 centimètres a peu près du tronc, on enfonce à terre, en forme de triangle, des pieux d’environ 1,50 mètre de hauteur, qui sont reliés entre eux avec des lattes et mettent ainsi les troncs à l’abri de toutes les atteintes des bêtes. Ce parc, ainsi qu’un second de même nature et de même dimension, sont plantés alternativement chaque année de topinambours, que les animaux déterrent eux-mêmes en hiver et se procurent ainsi une nourriture dont ils sont très friands. Outre ces tubercules, on leur sert encore deux fois par jour une nourriture chaude composée de son, de farine de riz, de farine de viande, de la farine de maïs, selon les saisons et selon que les animaux sont destinés à l’engraissement ou à l’élevage. On ajoute en grandes quantités à ces aliments des déchets de tous genres. Les animaux on toujours à leur disposition de l’eau fraîche en suffisance pour la boisson et pour s’y vautrer. C’est une erreur grave de prétendre que le porc a une grande prédilection pour la vase et le marais. Il recherche, au contraire, de préférence le réduit le plus propre, et l’expérience a prouvé que les porcs tenus à tous points de vue en état de propreté, ce à quoi il faut ajouter les bains à l’eau fraîche, sont toujours ceux qui font les progrès les plus rapides dans l’engraissement. On emploie pour la reproduction des verrats de race Yorkshire, de laquelle on a à Marimont des échantillons vraiment superbes. La porcherie a un bon débouché dans les environs même, ainsi que dans tout le reste de l’Alsace-Lorraine. Les prix tant des porcs gras que des petits cochons se règlent sur les cours généraux du marché. De grands syndicats d’élevage achètent de préférence aux fins de reproduction de jeunes verrats qu’ils paient un bon prix. Le croisement de notre porc de pays avec le verrat de la race Yorkshire fournit au cultivateur lorrain un porc tout à fait adapté à son climat et qui se distingue tant par la rapidité de sa croissance que par ses facilités d’engraissement » (6)
POULAILLER
Assez vaste pour contenir environ 300 volailles, la construction est très simple. Le poulailler est formé tout simplement d’une salle inclinée, garnie de lattes qui occupent les deux tiers de la surface de ce petit bâtiment rectangulaire. Le long des murs sur deux côtés sont installés des nids en deux étages superposés, sorte de rayons en planches.
Le poulailler est bien aéré de sorte qu’il n’y a pas de mauvaises odeurs. Chaque année les claies et autres parties en bois du lysol est pulvérisé afin de le désinfecter, ce qui est très important pour éviter les épidémies sur les volailles, qui font toujours de grands ravages là où elles éclatent.
Chaque année, les murs de tous les bâtiments abritant des animaux sont badigeonnés à la chaux.
BERGER ET MOUTONS
Durant cette période, seules certaines fermes pouvaient avoir un troupeau de moutons. Une petite exploitation ne pouvait avoir au maximum que 2 moutons. Dans le secteur de Bourdonnay, 3 domaines avaient des grands troupeaux ; le domaine de Marimont, une ferme à Salonnes (entre Vic et Château-Salins) et le domaine de Salival, commune de MOYENVIC
Marimont avait un troupeau d’environ une centaine de moutons, de race Mérinos : moutons haut sur pattes, robustes, et qui séjournaient toute l’année à l’extérieur. Le troupeau allait pâturer sur les terres en jachères dans un secteur très large autour de Marimont. Tous les agriculteurs du secteur souhaitaient le passage des moutons, car ces derniers broutaient les mauvaises herbes et grâce à leurs excréments enrichissaient la terre en apportant de l’engrais naturel. Au printemps, le berger emmenait les moutons au domaine, afin de les tondre. La laine était ensuite vendue.
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Mouton de race Mérinos |
Le berger, Mr Gustave GRELIN :
C’est avec la venue de Mr SCHAEFFLER que Monsieur Gustave GRELIN (originaire de DOMNON les DIEUZE), fils d’une famille de bergers depuis de nombreuses générations a été conntacté en qualité de berger pour seconder le berger en activité depuis de longues années et qui devait bientôt prendre sa retraite.
Mr GRELIN, avait le don de dresser les chiens, Les deux bergers avaient une roulotte conduite par un cheval et quatre chiens menaient le troupeau, 2 chiens étaient de race ; Berger Belge (chiens de défense, afin de protéger le troupeau contre des chiens errants ) et 2 chiens de race Pulli (pour la conduite du troupeau) Selon mon arrière grand père berger au Domaine, Mr GRELIN, son seul travail était de monter les enclos le soir afin de parquer les moutons et démonter l’enclos le lendemain matin.. Étant donnée la grande influence de Monsieur FUNKE, à la déclaration de la guerre tout en étant rappelé sous les drapeaux, il resta toute la guerre sur le secteur de Marimont, contrairement aux soldats Alsaciens-Mosellans, et en janvier 1915, il ne fut pas engagé sur le front russe. Dans sa roulotte de berger, il avait durant cette période son uniforme ainsi qu’une mitrailleuse. Il avait fait son service militaire en 1901 dans un régiment qui était stationné à Francfort..
Il conduisait assez souvent son troupeau sur les communes de Lezey en bordure d’un ruisseau, de Marsal, dont le sol contenait beaucoup de salpêtre, très apprécié des moutons.
Régulièrement un chariot venait du domaine afin de lui apporter de la nourriture, et récupérer des moutons afin qu’ils soient vendus, essentiellement à des habitants du secteur, les Allemands n’étant pas des amateurs de cette viande. Souvent les agriculteurs propriétaires des différentes jachères où le troupeau se trouvait lui apportaient de la nourriture. Cependant suite à la déclaration de la première guerre mondiale, le commerce avec la France n’étant plus possible, le nombre de moutons diminua considérablement..
Gustave GRELIN berger, son épouse Aline et les moutons. Photo année 1924. Après le rachat en 1919 par la société DAUM, une nouvelle race de moutons fut introduite, et un nouveau bâtiment spécifique a été construit à la ferme pour loger parfois le troupeau |